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Julie Rothhahn

Designer

Pour faire du design, Julie Rothhahn commence par manger. Gourmande et curieuse, elle goûte à tout pour en décortiquer ensuite le sens, ouvrir des pistes de réflexion et apporter à la nourriture, un design qui aide à digérer, s’amuser et s’évader. Elle pose un regard de designer sur la nourriture qui devient un matériaux que l’on peut modeler, mettre en scène, auquel on donne du sens. L’aliment devient alors sensible, parfois affectif, régressif, voire transgressif.

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Julie Rothhahn – avec 3 H s’il vous plaît, elle y tient beaucoup – a un temps pensé s’adonner à l’étude des Lettres, avant de se raviser, et opter pour les Arts. Les arts en version appliquée parce que cela la rassurait plus d’œuvrer dans un cadre concret. La voilà donc la jeune Parisienne inscrite en 2002 à l’École Supérieure d’Art et de Design de Reims (ESAD), justement bien cotée pour sa formation en design. Et quand elle découvre dès la première semaine qu’il existe dans l’école une option design culi- naire, Julie n’en est que plus ravie et fera dès lors tout pour orienter ses recherches vers le registre culinaire. De toutes les initiatives lancées par Marc Bretillot, le designer qui a « commis » cette section, elle en sera : avec des projets visant autant à reconsidérer des produits du terroir comme la viande (Magret) et les fruits et légumes (Légumier, Neo Fruit, Sweetbilles...), que des aliments transformés comme le pain (Pain...) ou les pâtes (Patadoigt), des dérivés de l’agro-alimentaire tels que les congelés (Fish it) que le rituel du repas (Un Repas).

Plutôt concernée par l’idée de réinventer notre alimentation tout en innovant, la désormais designer culinaire est invitée en 2006, avant même la fin de ses études, à collaborer avec la scène nationale du Manège à Reims. Mais savait-elle seulement que cette aventure des Grands soirs allait durer huit années durant lesquelles elle s’efforcera de s’imprégner
à chaque fois de l’esprit de l’artiste invité pour imaginer une proposition culinaire hors norme... Que le public s’empressera évidemment de déguster, manger, dévorer... autant surpris que ravi par l’idée que le spectacle se tienne aussi dans l’assiette.

Si cette collaboration avec l’univers de la scène va inévitablement influer sur les expérimentations de Julie Rothhahn et ses opportunités de projets (La biennale Art et Matières, La Nuit Blanche à Metz, Festival Lot of Saveur...), elle ne perd pour autant pas de vue les applications qu’elle peut mettre en œuvre pour les entreprises et industries du secteur. Pour preuve, ses collaborations avec l’industrie du lait (Milk Factory) pour revisiter le plateau de fromages ou bien encore la marque de graines et semences Vilmorin pour qui elle a imaginé par exemple un cahier de tendances propice à offrir une autre perception des légumes. 

www.juliehhh.com