Lucie Berthier-Gembara

Originaire de la Cité des Ducs, Lucie Berthier-Gembara fait ses armes à l’Institut Paul Bocuse, puis au Petit Nice chez le chefGérald Passédat. Elle y découvre la cuisine de la mer, des poissons pêchés le matin même, des coquillages et des techniques de cuisson pointues.

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Toujours à Marseille, elle poursuit son parcours chez Alexandre Mazzia, à l’heure ou le chef prend sa première étoile.
Elle apprend encore au sein de différentes maisons, jusqu’à ce que l’envie d’être à son compte ne la démange un peu trop fort. 

Grâce à une campagne de crowdfunding, la cheffe a bâti son antre à la force d’une détermination inexorable. 

Alors, depuis 2019, c’est escortée de ses « artistes » et accompagnée de Charles Duponchel, maître de salle version Monsieur Loyal, que Lucie déploie une cuisine sagace et bigarrée.

 

De la terrasse en retrait de la circulation, on prend le pouls du village Feydeau. 

Entre la place piétonne et le quai de Turenne, c’est ici que Lucie a décidé de s’ancrer.

Tel un bastion tenu par d’irréductibles fondus de bonne chère, Sépia enveloppe l’angle de la rue de sa façade sobre. 

A l’extérieur, une terrasse où l’on ne joue pas des coudes, et derrière la pierre apparente, une salle soignée : 25 couverts en intérieur, le double si le temps le permet. 

La carte est suspendue sur un fil, aux confluents de la Mer du Nord et de la Méditerranée, des côtes libanaises au terroir Nantais. 

Dans l’assiette, Lucie jongle avec les couleurs. 

Point de dressage poli, elle plaque ici une aubergine confite cuite à l’étouffé, un voile brûlé au goût de torréfié. Elle encoche une vinaigrette soyeuse et chocolatée, ajoute un baba ganoush et un confit citronné, tire, et touche en plein cœur. 

Au centre de sa cuisine se livre un combat de titan. Uppercut de l’huile de céleri branche, esquivée par le crémeux à l’ail des ours. C’est le kimchi qui monte au créneau mais le bœuf juste tiède qui l’amortit. 

D’un coup de cuillère, ce sont les pays du Levant qui viennent fouetter le palais, à coup de baklavas, de zaatar et de labneh.

Enfin, il s’agit de se laisser bercer par les derniers roulements sucrés, et de clôturer cette pérégrination ébouriffante par un café blanc libanais. 

Avec intelligence et bon sens, la cheffe ne travaille que des produits locaux. 

Sébaste de l’Atlantique, produits carnés nantais, légumes de sa maraîchère qui cultive à quelques kilomètres du restaurant. 

Pour la suite, elle ajoute une corde à son arc et reprend la Ferme Saint Médard avec son mari, agriculteur. L’objectif sera de petit à petit fournir le restaurant avec leur propre production. Et puis, pourquoi pas, d’y faire un nouvel espace de restauration. 

L’âme en porte étendard, armée de ses goûts francs et d’une envie furieuse de faire bon, Lucie saute dans l’arène et s’impose, amazone d’une génération neuve et affranchie.