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Jaime Hayon

Designer

Mi-conquistador, mi-lutin, cet aventurier du design, amoureux de la vie, traverse celle-ci avec un appétit créatif hors du commun, une empathie immédiate pour son prochain, une vitalité qui frappe dès le premier abord.

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Passant d’une langue à l’autre comme on respire, enchaînant simultanément les conversations en anglais aussi bien qu’en français, italien ou espagnol, le tout avec une désinvolture et un naturel unique en son genre. Jaime est un homme de son temps autant que du futur. Un mutant définitivement optimiste équipé pour un monde qui deviendrait enfin meilleur. Cet Almodóvar du design a une soif perpétuelle de rencontres, d’exploration de nouveaux continents. Le paradoxe vient du mélange de ce tempérament universel conjugué à des sources d’inspiration qui sont, elles, complètement inspirées par la sensualité de ses origines : parfums, sons, langages, visions de son enfance et ses racines ibériques.Les couleurs primaires, la démesure, les formes organiques et baroques des pièces de céramique et du mobilier, les « toys » d’inspiration « manga » version ibérique, l’imagination vécue comme un flot permanent au bout du pinceau ou du crayon de couleur avec un talent de dessinateur magistral. Jaime Hayon, un être généreux de lui-même et de son travail, est à l’image des rencontres qui parsèment son vécu. Il explore, comme un ethnologue de la forme et de la matière, la nature autant que les humains qu’il transforme à travers le prisme de ses fantasmes créatifs exempts d’inhibitions. Carte blanche à lui-même particulièrement sensible à travers ses scénographies qui donnent libre cours à sa démesure et à sa joie de vivre. La récente monographie sur son travail, éditée par Gestalfen, donne une juste idée de la profusion et de l’éclectisme de sa production. Forme, style et couleur y sont déclinés avec une maîtrise rare, qu’il s’agisse de collaborations avec des sociétés aussi différentes que Arquitect, Bisazza, Camper, Bosa, Metalarte, Palluco ou Bernhardt Design avec la complicité de sa compagne, Nienke Klunder. Exercice de style magistral entre cristal taillé de couleur ou gravé à l’or fin et céramique métallisée, grand écart réussi entre somptueuse transparence et opacité satinée. À la manière d’une ménagerie de cristal, dans l’esprit d’un bestiaire étonnant, Jaime Hayon signe en 2011 la collection BACCARAT ZOO. À mi-chemin entre la bonbonnière glamour et l’objet de décoration, l’Almodovar du design espagnol marie l’éclat du cristal à la porcelaine et donne naissance à un triptyque animalier, à la fois ludique et démocratique